Economie mauricienne : les dix points à retenir du rapport de la MCCI

 

La Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI) a partagé son analyse de l’économie mauricienne ainsi que ses observations sur la situation au niveau mondial dans un rapport intitulé « State of the Economy – Report 2022 ». Ce document a été publié en avril dernier. Voici les dix points à retenir.

 

1. Situation mondiale

L’économie mondiale fait preuve de résilience malgré la pandémie de Covid-19. Cela est dû à des mesures de relance monétaire et budgétaire strictes ainsi qu’à la fin des confinements imposés par les États. On note également un retour à la normale au niveau du trafic aérien et maritime.

Les principaux indicateurs montrent des tendances positives : le chômage a baissé de 6,6% en 2020 à 6,2% en 2021, tandis que la production et la balance courante mondiale (+50 %) ont augmenté. Cependant, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a reculé de 4,4 % alors que 500 millions de personnes supplémentaires vivent désormais dans l’extrême pauvreté dans le monde.

 

 

2. Hausse des prix

Selon l‘Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les prix mondiaux des denrées alimentaires ont bondi de 28 % en 2021, atteignant leur niveau le plus élevé depuis dix ans. La flambée des prix de l’énergie a fait grimper l’inflation dans la plupart des pays, le pétrole ayant atteint son plus haut niveau depuis sept ans. Ces facteurs mondiaux devraient continuer à alimenter l’inflation en 2022, exacerbée par le conflit en Ukraine. À ce sujet, les sanctions financières contre la Russie ont entraîné des perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale, provoquant une hausse des prix des matières premières.

 

 

3. Croissance à Maurice

Maurice n’a pas été épargné par les effets de la pandémie. L’activité touristique a chuté de 80 % en 2020 et de 37 % en 2021. La croissance du PIB, à 3 % en 2019, est passée à -14,9 % en 2020. Cependant, la réouverture des frontières nationales a relancé l’activité économique et une reprise est attendue en 2022. Le Fonds monétaire international (FMI) estime que la croissance à 6,7 % en 2022.

 

 

4. Impact démographique

La baisse du taux de fécondité (de 2,3% en 1990 à 1,4% en 2020) et l’augmentation de l’espérance de vie (de 70 pour les hommes et de 77 ans pour les femmes) engendreront plusieurs problèmes économiques et sociaux : l’augmentation des budgets alloués aux soins de santé dédiés aux personnes âgées et à la pension.

 

 

5. Fret

Les opérateurs logistiques mauriciens ont noté une hausse des coûts de fret, essentiellement dues aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement. Ces coûts impacteront le pouvoir d’achat s’ils continuent de grimper.

Pendant le confinement, l’augmentation de la demande de transport par conteneur a été plus forte que prévu, alors que l’offre n’a pas suivi. Dans certains cas, des marchandises ont été stockées dans les ports sans être expédiées. Aujourd’hui, les opérateurs trouvent de plus en plus difficile de trouver de la place sur les navires.

Selon les auteurs du rapport, le fret aérien est le plus touché. La raison : de plus en plus de transporteurs interrompent leurs services, rendant plus difficile le transport de marchandises essentielles (médicaments, denrées périssables, etc.).

 

 

6. Taux de change

La politique monétaire de la Banque de Maurice vise à préserver la compétitivité des entreprises. Depuis le début de la pandémie, la roupie mauricienne s’est dépréciée en 2020 par rapport à 2019, avant de s’apprécier en 2021.

 

 

7. Production

Même si elle a perdu son élan pendant la pandémie, l’industrie manufacturière mauricienne reste fondamentale pour la croissance économique – elle contribue le plus au PIB (environ 11,8% en 2021), et est le plus grand employeur et générateur d’emplois.

Parallèlement, la valeur ajoutée brute (VAB) a enregistré une croissance annuelle de 10,2 % en 2021, ce qui place Maurice parmi les pays les plus prospères de l’Union africaine.

 

 

8. Tourisme

Les arrivées touristiques se sont effondrées en 2020, passant de 1,4 million de touristes en 2018 et 2019 à 308 980.Les revenus ont également été par conséquent fortement impactés, les recettes touristiques ayant chuté de 72 % (Rs 63 milliards à Rs 18 milliards durant la même période). Le pays ne devrait pas retrouver les niveaux de 2019 avant 2023 ou 2024, dépendant de l’évolution de la pandémie.

 

 

9. Énergie & environnement

Pour réduire la forte dépendance de Maurice aux énergies fossiles et diminuer les émissions de gaz à effet de serre, le gouvernement s’est fixé pour objectif d’augmenter la part d’énergies renouvelables dans la production d’électricité (de 13,3 % actuellement à 60 % en 2030).

Selon les estimations officielles, 1 488 tonnes de déchets solides sont produites chaque jour, conduisant le gouvernement à procéder à une évaluation complète du secteur dédié à les gérer. L’objectif : mettre en œuvre des initiatives de réduction, de réutilisation et de recyclage.

 

 

10. Accords commerciaux

Maurice pourra tirer parti de ses différents accords de libre-échange (par exemple, le CECPA avec l’Inde et l’ALE entre Maurice et la Chine, tous deux signés en 2021) afin de promouvoir les investissements étrangers et garantir un environnement stable pour les investissements. Cela pourrait changer la donne et permettre au pays d’intégrer pleinement les marchés régionaux et mondiaux.

D’autres objectifs comprennent le développement d’une stratégie d’exportation régionale, l’exploration des opportunités avec des pays du Moyen-Orient, le marketing de Maurice en tant que destination attrayante pour les entreprises étrangères souhaitant délocaliser leur production (par exemple la fabrication des vaccins).

 

 

Pour conclure…

2022 sera clairement une année charnière, et d’ailleurs, certains signes montrent que l’économie mauricienne se redresse lentement. Toutefois, la prudence est recommandée : l’impact de cyclones plus puissants perturbera davantage les récoltes agricoles, et tout nouveau variant de la Covid-19, résistant aux vaccins, peut encore constituer une menace.