Stratégies bas-carbone : bilan et perspectives pour les entreprises de l’océan Indien
Cap Business Océan Indien lance The Move : accompagner le changement, un nouvel outil d’appui aux entreprises régionales dans leur transition vers un développement économique plus juste, durable et résilient. Cette première édition, portant sur les stratégies bas-carbone, a été soutenue par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Maurice et émerge en clôture du Projet Empreinte Carbone cofinancé par l’Agence Française de Développement et qui jette les bases d’une dynamique collective vers la décarbonation du tissu économique régional.
1ère édition The Move bas-carbone
La première édition de The Move consacrée aux stratégies bas-carbone, a été lancée le 15 mai 2025 au Caudan Arts Centre à Port-Louis, dans le cadre de la cérémonie de clôture du Projet Empreinte Carbone, piloté par Cap Business Océan Indien et cofinancé par l’Agence Française de Développement (AFD).
La matinée, réservée au Groupe de travail bas-carbone, a permis de dresser un bilan du projet et de partager les retours d’expériences et les perspectives pour les entreprises pilotes de la région. L’après-midi a vu une conférence sur les risques climatiques pour sensibiliser les opérateurs économiques aux vulnérabilités et impacts du changement climatique sur leurs activités, notamment en termes de risques physiques, de responsabilités et de transition. Pour conclure cette journée, Benjamin Vegar, dirigeant du bureau d’études Carbone Ingénierie, a présenté les résultats d’une étude de préfaisabilité portant sur la création d’un référentiel de compensation carbone pour les entreprises de la région.
Dans un contexte mondial marqué par des dérèglements climatiques majeurs, les pays insulaires de l’océan Indien font face à une vulnérabilité accrue et à une dépendance énergétique importante. Face aux défis structurels que représente la transition écologique pour les entreprises, Cap Business Océan Indien a pris les devants en concrétisant le Projet Empreinte Carbone, qui vise à la réalisation d’analyses de l’empreinte carbone des entreprises et de plans de réduction associés, dans le sud-ouest de l’océan Indien.
Le Projet Empreinte Carbone
Bientôt un an après le lancement en juin 2024, ce projet a permis de sensibiliser les 50 entreprises pilotes de la région (Maurice, Madagascar, les Comores et les Seychelles) aux enjeux énergétiques et climatiques, et de les accompagner dans leur transition vers des modèles économiques décarbonés et plus résilients.
Ces entreprises pilotes ont ainsi bénéficié de l’analyse de leur bilan carbone couvrant les Scopes 1, 2 et 3 sur l’ensemble de leurs chaînes de valeur (grâce à l’outil Bilan Carbone®) ; de la co-construction de plans d’atténuation de leurs émissions de gaz à effet de serre ; et d’une formation aux outils utilisés. Le projet a également analysé la préfaisabilité d’un référentiel régional de compensation carbone dans l’océan Indien.
Ce projet se démarque aussi par son niveau d’exigence, notamment par l’intégration systématique du scope 3 et une documentation rigoureuse des données, hypothèses et facteurs d’émission utilisés.
Les ateliers de co-construction ont mobilisé les équipes des entreprises (managers, référents durabilité, responsables innovation, etc.), avec un fort engagement des directions générales. Cette approche participative a renforcé la gouvernance carbone des entreprises.
Une phase de formation en deux volets a également permis de renforcer les capacités internes des entreprises à réaliser un bilan carbone conforme aux standards internationaux, avec un cadre méthodologique précis pour les futurs exercices. Le premier volet était composé de sessions collectives en ligne proposant trois modules de deux heures pour initier les entreprises à la méthodologie des bilans carbone et à l’élaboration d’une trajectoire de décarbonation. L’objectif était de permettre des échanges entre les différentes entreprises impliquées. Le deuxième volet comprenait un accompagnement en entreprise pour permettre d’améliorer le processus de collecte des données à travers un « gap analysis ».
Des actions mesurables
Le projet a abouti à la consolidation de 140 actions représentant un potentiel de réduction de plus de 250 000 tonnes équivalent CO₂ à horizon 2030. Les principaux postes d’émissions ciblés sont :
• L’utilisation des produits vendus ;
• Les achats ;
• La consommation d’énergie.
« Le secteur privé a désormais les clés pour être acteur de la transition économique structurée et durable de notre région. C’est là un geste fort de responsabilité climatique », réagit Guillaume Hugnin, président de Cap Business Océan Indien.
Vincent Hornsperger, chargé de mission Stratégies bas-carbone et économie circulaire chez Cap Business Océan Indien précise : « Ce projet marque une avancée pour le secteur privé en proposant une méthodologie structurée sur les enjeux régionaux de transition bas-carbone, en particulier sur la comptabilité carbone conforme aux standards internationaux, avec l’intégration du Scope 3 dans les calculs, incluant les émissions indirectes sur l’ensemble des chaînes de valeur analysées. Les entreprises pourront ainsi s’aligner avec les exigences réglementaires au niveau européen et réaliser leur ‘reporting’ carbone dans le cadre de leur rapport annuel de durabilité ».
« Face à l’urgence climatique et aux vulnérabilités spécifiques des territoires insulaires, il est essentiel d’accompagner les entreprises vers des trajectoires de développement bas-carbone. Le projet Empreinte Carbone incarne pleinement cette ambition : il allie rigueur méthodologique, coopération régionale et montée en compétence des acteurs économiques. En soutenant cette initiative, l’AFD réaffirme son engagement à co-construire, avec ses partenaires, des solutions concrètes pour une économie plus résiliente, juste et durable dans l’océan Indien. » Patricia Aubras, Directrice régionale AFD dans l’océan Indien.
De son côté, le Dr. Drishtysingh Ramdenee, secrétaire général de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Maurice souligne : « Cette édition de The Move représente une opportunité précieuse pour les entreprises mauriciennes d’intégrer les stratégies bas-carbone dans leur développement. Cette initiative répond aux enjeux actuels de durabilité et permet aux acteurs économiques de notre île de se préparer efficacement aux nouvelles exigences internationales. La MCCI soutient activement ce projet qui contribue concrètement à la transition écologique de notre tissu entrepreneurial ».
Programme de coaching sur 12 mois
La majorité des entreprises a exprimé sa volonté de poursuivre cet accompagnement jusqu’au prochain bilan carbone. En réponse, pour garantir un accompagnement durable des entreprises dans leur stratégie de décarbonation, Cap Business Océan Indien lance un programme de coaching post-bilan carbone sur 12 mois. Ce soutien essentiel pour passer du diagnostic à l’impact, est ouvert aux entreprises déjà engagées, mais aussi à de nouveaux acteurs désireux de profiter d’une dynamique de groupe. Cet accompagnement se fera à travers un Groupe de travail régional bas-carbone, et proposera un accompagnement personnalisé, ainsi que la capitalisation des résultats du programme en juin 2026.
Par cette première étape structurante, Cap Business Océan Indien confirme son engagement en faveur d’une économie régionale plus durable. Le Projet Empreinte Carbone pose les fondations d’une trajectoire collective vers la décarbonation de nos économies insulaires et constitue une première base solide pour de futures initiatives dans l’océan Indien. Il est nécessaire de poursuivre les actions de sensibilisation afin de renforcer la prise de conscience et l’engagement des acteurs économiques vers de nouveaux business models plus durables. Un levier essentiel pour mobiliser davantage d’entreprises sera de valoriser les résultats obtenus dans le cadre de ce projet.
« La typologie des entreprises accompagnées lors de ce projet montre une certaine diversité des acteurs engagés avec 14 secteurs représentés. Cependant, pour être davantage représentatif du tissu économique de la zone océan Indien, il sera intéressant d’intégrer de nouveaux secteurs d’activité (le textile, l’hôtellerie, la pêche par exemple) et de renforcer la couverture géographique », conclut Vincent Hornsperger, chargé de mission Stratégies bas-carbone et économie circulaire chez Cap Business Océan Indien.
A terme, un des résultats attendus serait de capitaliser les données accumulées à partir de plusieurs bilans carbone sectoriels, afin de faire émerger des facteurs d’émissions locaux et/ou régionaux, représentatifs et fiables. Plus la mobilisation s’étendra, plus les capacités à décarboner les secteurs d’activité se renforceront à l’échelle régionale.