Étude sur la représentation des femmes dans le secteur de la logistique maritime

Grâce à l’assistance technique de la Facilité ICR (Investment Climate Reform Facility), Cap Business Océan Indien a conduit une étude inédite sur la place des femmes dans le secteur de la logistique maritime dans quatre pays de la zone : Comores, Madagascar Maurice, et Seychelles. Cette initiative a permis d’identifier les freins auxquels elles font face et de formuler des recommandations à l’intention des acteurs publics et privés.

 

Pourquoi cette étude ?

 

La logistique maritime demeure un secteur historiquement masculin : à l’échelle mondiale, moins de 2% des gens de mer sont des femmes, et celles-ci occupent principalement des fonctions administratives à terre. Notre région ne fait pas exception.

 

En identifiant précisément les défis spécifiques auxquels font face les femmes dans ce secteur, les consultants ont proposé des pistes d’action pour améliorer leur inclusion, véritable levier de développement économique et social.

 

Ce travail s’inscrit pleinement dans la Feuille de route 2021-2026 de Cap Business Océan Indien. En effet, à la suite de consultations avec les acteurs du secteur privé régional, la connectivité maritime a été identifiée comme un secteur prioritaire, et l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes comme un marqueur transversal. Indissociable de la connectivité maritime, le secteur de la logistique est un secteur vital pour les économies insulaires de nos territoires.

 

L’idée de cette étude a germé en 2023 lorsque Cap Business Océan Indien a été approchée par les sections locales de Women in Logistics and Transport (WILAT) à Maurice, Madagascar et aux Seychelles, affiliées au Chartered Institute of Logistics and Transport (CILT). Elles ont sollicité l’appui de l’association afin de diffuser un questionnaire sur la place des femmes dans la logistique maritime auprès des entreprises du secteur dans la région de l’océan Indien. Par manque de ressources, la distribution du questionnaire est restée limitée.

 

En 2024, Cap Business OI a sollicité la Facilité ICR pour actualiser le questionnaire et le diffuser afin de conduire une étude sur la place des femmes dans le secteur logistique maritime et portuaire aux Comores, à Madagascar, à Maurice et aux Seychelles.

 

Quels sont les enseignements à retenir ?

 

Une revue de littérature et une enquête initiale menée auprès de 130 personnes sur les quatre territoires a mis en évidence une forte sous-représentation des femmes dans les postes à responsabilité. Les principaux freins identifiés sont : les stéréotypes persistants, le manque de formation technique, l’absence de politiques inclusives et le harcèlement au travail.

 

Ces constats ont ensuite été approfondis à travers des entretiens qualitatifs, révélant notamment :

– Des barrières structurelles persistant à l’accès des femmes aux postes de direction, malgré des progrès à Maurice et à Madagascar ;

– Des normes socioculturelles et stéréotypes genrés encore très ancrés, freinant leur présence dans les métiers techniques ou stratégiques ;

– Un rôle essentiel mais encore insuffisant des réseaux professionnels et du mentorat (notamment WOMESA) ;

– Un accès restreint à la formation spécialisée, freinant la montée en compétences ;

– Un manque de sensibilisation aux opportunités qu’offre ce secteur, en particulier chez les jeunes femmes ;

– Un soutien institutionnel insuffisant, en raison de politiques publiques peu claires et pérennes ;

– Des difficultés d’accès au financement pour les femmes entrepreneures du domaine ; et

– Une faible visibilité des femmes dans les sphères officielles, ce qui renforce leur marginalisation.

 

Quelles sont les principales recommandations ?

 

Les constats ont été confirmés à travers des entretiens avec des experts internationaux. Ces derniers ont insisté sur le rôle des réseaux de soutien et de la prise en compte des dynamiques informelles dans les pays insulaires.

 

C’est dans cette perspective que les recommandations ont été formulées, s’articulant autour de cinq axes stratégiques :

– Sensibilisation et éducation : Mettre en valeur les parcours et réalisations des femmes dans les métiers maritimes et portuaires, et encourager le partage d’expériences inspirantes.

– Mentorat : Structurer des programmes de mentorat pour soutenir les femmes à chaque étape de leur parcours professionnel.

– Formation diplômante et continue : Développer des programmes universitaires adaptés, des formations techniques et des bourses pour attirer les femmes vers des carrières traditionnellement masculines.

– Aménagement et encadrements adaptés : Promouvoir des politiques de flexibilité et d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, incluant des horaires aménagés et des infrastructures adéquates.

– Renforcement des politiques publiques et de gouvernance inclusive : Mettre en place des cadres réglementaires et des politiques RH équitables, afin de prévenir le sexisme et d’instaurer une culture organisationnelle inclusive.

 

Quelles sont les prochaines étapes ?

 

Les résultats seront utilisés par l’association pour renforcer le dialogue public-privé. Ils alimenteront, dans un premier temps, le groupe de travail régional sur la connectivité maritime de Cap Business OI, dont la mission sera de développer des recommandations concrètes et un plaidoyer pour des politiques inclusives et durables pour améliorer l’accès des femmes à ce secteur d’activité.

 

À terme, cette étude permettra à l’association de mieux accompagner les entreprises engagées dans la logistique maritime dans leur prise de décision, et potentiellement à faire évoluer leur modèle d’affaires pour soutenir une meilleure représentation des femmes dans ce secteur.

 

 

Consultez le rapport complet réalisé par la Facilité ICR et visionnez le webinaire de présentation en suivant ce lien :  https://www.icr-facility.eu/fr/intervention/etude-sur-la-representation-des-femmes-dans-le-secteur-de-la-logistique-maritime/